Dossier thématique #2 Décarboner le bâtiment - Volet 5 : CAP 2030, le collectif qui invente le bâtiment du futur
© Effinergie
Aller plus loin que la RE2020 et préfigurer des bâtiments résilients, à énergie positive, encore moins émetteurs de carbone, encore plus confortables, telle est l’ambition du projet CAP 2030. Un consortium inédit, qui mobilise plus de 1500 professionnels, pour fixer un nouveau cadre de référence et expérimenter. Rencontre avec Marie Gracia, directrice du Collectif Effinergie et membre actif de Cap 2030.
Quels sont les acteurs engagés à vos côtés dans la démarche CAP 2030, et en quoi ce collectif est-il original ?
Notre association, le collectif Effinergie, qui réunit un très large écosystème d’acteurs du bâtiment, s’était déjà fortement engagée dans la préparation de la RE 2020, avec notamment la mise en place de labels, qui ont servi à préfigurer la réglementation, et à l’appui de l’Observatoire BBC – observatoire des bâtiments basses consommations et bas carbone - destiné à alimenter les réflexions des acteurs et à capitaliser du retour d’expérience.
Ces travaux nous ont démontré que les efforts à fournir par le monde du bâtiment et de l’aménagement pour réduire au maximum son impact carbone et sa consommation énergétique demandent à la fois une très large mobilisation des acteurs et des capacités d’innovation.
C’est pourquoi, nous nous sommes réunis avec l’Alliance HQE-GBC France, le Collectif des Démarches Quartiers Bâtiments Durables et notre Collectif Effinergie au sein d’un groupement informel, le GIE pour Groupement d’Intérêt Ecologique, et engager une réflexion, en lien avec l’Etat, le Plan Bâtiment durable, le CSTB et l’Ademe sur le bâtiment d’après la RE 2020.
C’est une première de mettre autant d’acteurs autour de la table, et cela nous donne la capacité de passer à la vitesse supérieure. Même si la RE 2020 constitue déjà une évolution très positive et une grosse marche à franchir pour les acteurs du bâtiment, de nombreux sujets restent à approfondir.
Comment travaille ce collectif et quels sont les attendus à court et moyen terme ?
Notre objectif est d’élaborer d’ici fin 2024 ce que nous appelons un cadre commun de référence, c’est-à-dire un ensemble de préconisations, d’orientations et d’indicateurs pour aller au-delà de la RE 2020. Ensuite, nous pourrons proposer aux acteurs d’expérimenter ce cadre de référence et, en retour, capitaliser le retour d’expérience et alimenter les réflexions. C’est une démarche itérative au long cours, qui doit aussi permettre d’intensifier la sensibilisation et l’accompagnement des professionnels dans les 10 prochaines années.
Pour y parvenir, nous sommes organisés en 9 groupes de travail qui approfondissent chacun une thématique : neutralité carbone, mesures des performances, énergie et coopération avec les réseaux, qualité de l’environnement intérieur, gestion durable de l’eau, économie circulaire, biodiversité, adaptation au changement climatique et low-tech.
Quels sont, pour vous, les sujets sur lesquels les marges de progression par rapport à la RE2020 sont les plus importants ?
Tous les sujets sont importants, justement car il faut avoir une vision systémique du bâtiment. L’un des enjeux clefs pour Effinergie reste néanmoins de produire des bâtiments à énergie positive, qui soient les plus sobres à tous les niveaux, eau, énergie, matériaux etc… tout en compensant la consommation énergétique par une production.
Cap 2030 va aussi nous permettre de pousser les réflexions sur la mesure des performances réelles versus performances théoriques et d’identifier les points clefs à contrôler à la livraison afin d’assurer une qualité de construction répondant aux attentes des futurs occupants et assurant leur confort.
Enfin, il y a deux sujets assez nouveaux et qui peuvent être de véritables vecteurs d’innovations. Le premier concerne l’adaptation du bâtiment au changement climatique. Dans le cadre du projet CAP 2030, nous allons donc travailler sur des grilles d’analyses des risques et sans doute formaliser des outils pour réaliser des diagnostics de vulnérabilité. Le second sujet concerne le low tech et va consister à challenger tous les groupes de travail pour envisager des solutions durables, simples et résilientes, qu’il s’agisse de conception, de process ou de matériaux…Nos marges de progression restent importantes, d’autant quand on a à l’esprit que le quart du parc de logements de la France de 2050 n’est pas encore construit !
Pour en savoir plus sur la démarche et ses avancées : https://www.planbatimentdurable.developpement-durable.gouv.fr/cap-2030-r354.html