22-04-2024 Bâtiment & construction

Dossier thématique #2 Décarboner le bâtiment - Volet 3 : "Désiloter l'acte de construire est indispensable"

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Maxime Bonnevie Portrait
Éditeur de texte

® Sabine Serrad

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Avec la RE 2020 et les enjeux majeurs de décarbonation de la filière, le bâtiment opère une révolution qui impacte toute la chaîne de valeur et nécessite de nouveaux modes de faire. Depuis le bâtiment-outil Les Grands Ateliers situé à Villefontaine près de Lyon, Maxime Bonnevie, Directeur Général et architecte, fait le point avec nous sur les avancées qu’il observe et encourage.

 

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Quelle est la mission des Grands Ateliers ?
Créé par des enseignants d’écoles d’architecture, d’ingénierie et d’art, ce lieu permet aux étudiants d’expérimenter à échelle 1, de tester des pratiques et de toucher la matière afin de saisir ce qu’elle implique en phase de conception puis en phase de construction. 
Nous accueillons des écoles d’architectes et d’ingénieurs pour des workshops. Nous organisons des formations à destination des professionnels sur les matériaux biosourcés, géo-sourcés et de réemploi. Nous proposons aussi du prototypage dans le cadre de projets de recherche et nous œuvrons pour la valorisation des filières vertueuses.
 

 

® Sabine Serrad

 

Comment les futurs architectes se saisissent-ils des contraintes de la RE 2020 et du changement climatique ?
Architecte est un métier d’intérêt général, avec une dimension sociale, sociétale et environnementale. Nos étudiants sont en quête de sens face à une actualité climatique anxiogène. Leur engagement est prégnant. 
Les architectes ont la volonté de se former sur des techniques permettant de changer la manière de construire, en intégrant des matériaux émergents non-industrialisés ou semi-industrialisés. Ils souhaitent se former en pratiquant. Toucher la matière est un vecteur pédagogique fort pour transmettre toutes les questions liées aux « nouveaux anciens matériaux ».

 

Quelle devra être leur posture dans l’acte de construire ?
Le secteur du bâtiment est très siloté, avec une méconnaissance des savoir-faire des différents intervenants. Le travail collaboratif est difficile. Nous devons encourager ce décloisonnement en favorisant l’expérimentation à échelle 1 et la mixité des techniques. Pour cela, nous veillons à croiser les publics. Nous recevons souvent au même moment une école d’archi, des Compagnons du Devoir et des professionnels qui sont positionnés les uns à côté des autres.

 

Quelles sont les limites actuelles et comment les dépasse-t-on ?
Les limites de la transition énergétique sont surtout normatives et assurantielles. Pour que les matériaux bio et géo-sourcés soient utilisés intelligemment, il faut valoriser la production locale et privilégier des matériaux bruts ou très peu transformés. Or, leurs caractéristiques dépendent des territoires et la normalisation est compliquée. 
Il a aussi fallu que les filières s’organisent, qu’il y ait assez de matériaux produits, que les entreprises soient formées et qu’elles atteignent une taille suffisante pour répondre à des opérations de grande ampleur. On observe un effet d’entrainement. En 10 ans, c’est devenu beaucoup plus structuré.
Autre frein : la formation des architectes, mais aussi des maîtres d’ouvrage, des donneurs d’ordre et de tous les acteurs de la filière.
Globalement, les faits sont encourageants. Les consciences évoluent. Tout le monde a envie de construire autrement, de donner du sens aux pratiques et de respecter les ressources.

 

Concrètement, comment accompagnez-vous les professionnels dans cette transition ? 
Toutes nos formations s’inscrivent dans cette dynamique et visent à former tous les publics : les apprentis en lycées techniques, les étudiants en études supérieures et les professionnels qui cherchent à évoluer. Nous intégrons aussi la dimension rénovation qui est primordiale car le parc bâti à réhabiliter est très important en France. Enfin, nos actions pour valoriser les filières comme le prix mondial d’architecture TerraFibra Award participent concrètement à promouvoir des acteurs engagés pour faire des bâtiments différents.
 

 

® Florian Monot